Roules les R
Roules les R quand l’air devient si épais que la paix n’est plus possible
comme une cible invisible
fais rimer les O et les bas si collant qu’ils nous mangent la peau et les os
comme on enlève un manteau
Fais sonner les M comme un emblème en couleur écrasant les drapeaux et les haines
les démons sauvent la reine
les mots sont des sons
laissons les mots faire du bruit
nous déranger dans nos sommes, somme de tout ce que nous sommes
Aspire les H en un visage fendu par un sourire emprunté, jamais rendu
comme un livre perdu
Fais claquer les T sous les regards brûlants de plagistes amoureux et perdus
comme une valise en transit
Fais siffler les S comme des sortie d’secours pour habiller des mots sans saveur
comme un corps sans parfum
les mots sont des sons
laissons les mots faire du bruit
nous déranger dans nos sommes, somme de tout ce que nous sommes
La sombre
Toujours cachée dans un coin où la lumière ne va pas
toujours à l’affut d’en entre-temps
toujours guettant une relâche, une vacance, un ennui
la sombre se tapit dans ton ombre
jamais fatiguée elle revient sans cesse au combat
jamais en retard pour l’entre-temps
jamais n’oubliant d’être en avance sur ta vie
la sombre se réjouit de tes ombres
toujours embusquée où le moisi se sent bien
toujours en appui sur l’entre-temps
toujours surveillants tes errances sans bruit
la sombre se mourrit de ton ombre
jamais en panne d’idée pour s’infiltrer dans tes nuits
jamais en retard pour l’entre-temps
jamais ne relachant la pression sur ta nuque
la sombre s’épanouit dans tes ombres